Marie-Laure et Franck, producteurs de fruits engagés pour une agriculture raisonnée et locale

Quand deux parcours se rencontrent pour faire grandir une même passion.

Angevine de cœur, je suis née dans les Mauges, tout proche du Pays d’Ancenis, où j’ai grandi dans une famille d’agriculteurs. Mon enfance, heureuse et libre, a été bercée par la vie à la ferme, au contact de la nature. Mon père élevait des vaches, aujourd’hui connues sous le nom de Rouge-des-Prés, et l’agriculture a toujours fait partie de mon histoire, transmise par mes parents et grands-parents. Pourtant, après mes études, j’avais envie d’explorer un autre univers. J’ai pris la direction de Paris, où j’ai travaillé dans une entreprise suédoise, une start-up à la pointe de la modernité. Plongée dans un environnement dynamique et novateur, j’ai évolué dans le marketing et la communication, avec en tête l’idée d’une carrière à La Défense. Socialement et culturellement, ce fut une expérience enrichissante qui m’a beaucoup apporté. C’est dans cette effervescence parisienne que j’ai rencontré Franck, arboriculteur passionné, engagé dans une production fruitière où la vente directe occupait une place essentielle. Si l’agriculture m’était familière, je ne me voyais pas revenir dans l’élevage. Mais à ses côtés, j’ai découvert un univers en résonance avec mes valeurs et mes racines. En 1997, j'ai décidé de revenir en Pays d'Ancenis, à Trans-sur-Erdre rejoindre Franck – un retour aux sources sous un nouveau prisme. Depuis, nous formons un duo complémentaire : Franck, sur le terrain, s’occupe du verger, tandis que je prends en charge tout ce qui suit la production – vente, gestion administrative, recrutement, communication… Ce choix de vie nous a permis de créer une structure à taille humaine, où vie familiale et professionnelle s’entremêlent harmonieusement. Je suis heureuse d’avoir offert à mes enfants ce cadre de vie proche de la nature. Notre organisation familiale a été grandement facilitée par la proximité entre notre lieu de travail et notre domicile, ainsi que par la chance de bénéficier, pour nos enfants, d’un parcours scolaire varié et de qualité, accessible près de chez nous.

Un ancrage sur le territoire naturel et humain

Aujourd’hui, je suis ancrée en Pays d’Ancenis, une région où la nature est omniprésente. Ce que j’aime ici, c’est la diversité du territoire : la Loire, les espaces de randonnée accessibles à deux pas, et surtout le dynamisme des associations. N’étant pas née en Pays d’Ancenis, m’investir dans des associations m’a permis de rencontrer les habitants et de m’intégrer pleinement au territoire. Parmi ces engagements, la création d’une halte-garderie itinérante, portée par un collectif de femmes il y a 25 ans, reste une aventure marquante. Ce projet facilitait le travail des femmes et renforçait les liens locaux. Ça a pleinement contribué à mon ancrage en Pays d’Ancenis. Avec l’association TRANSMISSION, j’ai aussi participé au spectacle "Jules César" sur ma commune à Trans-sur-Erdre en tant que figurante, une autre belle façon de s’impliquer dans la vie locale. Aujourd’hui, je suis à la fois maman, femme engagée et « la marchande de pommes » sur ce territoire. Je trouve que j’ai de la chance d’évoluer dans cette région vivante, portée par des personnes engagées, où il y a toujours du mouvement. L’ambiance y est chaleureuse et l’esprit d’entraide bien présent.

Des lieux qui font du bien

Il y a des endroits où je me sens particulièrement bien. Le lac de Vioreau, par exemple, est un site préservé où l’on peut se balader, y pratiquer des activités sportives, écouter les oiseaux, profiter de la nature. J’aimais aussi m’arrêter à la crêperie qui s’y trouvait, une halte gourmande dont je me souviens avec plaisir aujourd’hui. Et puis il y a l’exploitation, bien sûr. C’est mon quotidien, mon engagement, mais aussi un lieu où je me sens bien.

Une production locale et raisonnée

Notre engagement, c’est une agriculture raisonnée, locale et respectueuse de l’environnement. Avec cette approche, les arbres se défendent mieux et les fruits ont plus de goût. Nous privilégions la qualité plutôt que le rendement, car ce qui nous importe, c’est que les gens reviennent pour le plaisir de nos produits. Avec Franck, nous avons pris ce virage il y a plus de 20 ans. Ce n’est pas de l’agriculture biologique, mais nous nous en sommes largement inspirés et en sommes fiers. Nos fruits ont peut-être plus de défauts visuels, mais ce qui compte avant tout, c’est leur goût et leur naturalité. Aujourd’hui, nous avons construit une entreprise à notre image : une structure à taille humaine, bien ancrée localement, qui fait vivre plusieurs familles. Nos employés permanents, issus du Pays d’Ancenis, partagent pleinement cette démarche. Certains travaillent avec nous depuis près de trente ans, formant une véritable famille. Nous vendons nos fruits dans un rayon de 30 km et les valorisons en les transformant, notamment en jus. En Pays d’Ancenis, nous desservons aussi une trentaine de cantines, une action qui nous tient à cœur : transmettre aux jeunes le goût authentique des fruits et les habituer à une alimentation saine. Ce choix du circuit court a aujourd’hui tout son sens, même si le chemin n’a pas toujours été simple. Nous avons bâti quelque chose qui nous ressemble, et nous sommes heureux d’avoir transmis cette passion à notre fils Thomas. À lui, maintenant, de s’approprier l’exploitation et de la faire évoluer à son tour.

Des liens précieux avec les clients

C’est le bouche-à-oreille qui fait venir les clients chez nous. Quand on entend dire : "Chez Deshais, ils font de bons fruits.", on se dit vraiment qu’on a réussi. Ce qui donne tout son sens à notre travail, ce sont ces retours clients. Je suis toujours ravie de voir des clients revenir, parfois même des années plus tard. Certains ont déjà participé à la cueillette, d’autres reviennent par souvenir, comme cette personne venue à l’exploitation car elle se rappelait avoir goûté nos fruits chez ses grands-parents. Ces instants sont précieux. Cette reconnaissance nous porte et me donne, chaque jour, l’envie de continuer et d’évoluer.

Un beau témoignage qui montre comment un engagement fort pour une agriculture raisonnée, allié à la transmission d’un savoir-faire familial, permet de créer un projet pérenne et ancré dans son territoire. Merci à Marie-Laure pour ce partage authentique et passionné !