Zahi, un entrepreneur porté par le vent… et par le Pays d’Ancenis

Un incroyable voyage

Je suis né au Liban. Enfant, je voulais devenir pilote d’avions de chasse. Mais les guerres, les tensions politiques, les restrictions… tout cela a rendu ce rêve inaccessible. Ce n’était pas grave : j’ai toujours eu une autre passion – la nature. Je suis l’un des cofondateurs d’une association écologique au Liban. Je passais beaucoup de temps à arpenter les sentiers, à découvrir les richesses de mon pays. Très vite, j’ai décidé de valoriser cette beauté. J’ai suivi une formation pour devenir accompagnateur touristique, puis je suis devenu guide de moyenne montagne. J’aimais raconter le territoire aux autres, je tenais à ce qu’on découvre mon beau pays.  Ce que je ne savais pas encore, c’est que le ciel allait un jour devenir mon nouveau terrain de jeu.

Je me souviens, de ce jour, en feuilletant mon album photo d’enfance, j’ai remarqué sur la couverture une image. Tous mes frères et sœurs avaient des fleurs, comme sur la plupart des livres pour enfant… et moi, je remarque qu’il y a un ciel rempli de montgolfières au-dessus de moi, bébé. Le signe était là, depuis le début finalement.

La rencontre qui a tout changé

En 2006, un ami s’est marié avec une Française. Il m’a demandé d’accompagner un de ses invités à l’aéroport. Cette personne est devenue, des années plus tard, mon instructeur. Mais c’est en 2010 que j’ai vraiment découvert la montgolfière, lors d’un vol captif (vol statique au sol). Le pilote m’a tendu les commandes. J’ai touché le brûleur, j’ai senti l’air chaud, le silence. C’était une révélation. Il fallait que je comprenne cet élément.

Le départ vers la France

En 2012, j’ai quitté le Liban pour me former en France, le pays de la montgolfière à mon sens. J’ai tout laissé derrière moi : ma famille, mon entreprise, mes repères. Je suis arrivé en Anjou pour six mois. J’ai été hébergé chez mon instructeur, j’ai travaillé au sol, je réceptionnais la montgolfière. J’ai découvert les paysages, les villages, les églises... c’était un autre monde pour moi. En septembre, j’ai obtenu ma licence de pilote. Puis les saisons se sont enchaînées : 2013, 2014, 2015… et cette année-là, j’ai rencontré celle qui allait devenir ma femme.

Tomber amoureux du Pays d’Ancenis

En 2016, on m’a proposé de voler à partir d’Ancenis-Saint-Géréon. J’y ai découvert un vol plus technique : des vents capricieux, des terrains étroits, l’influence des marées… mais aussi une beauté rare. En une heure de vol, je pouvais survoler cinq paysages différents : la Loire, les vallées, les vignobles, les forêts. J’ai eu un vrai coup de cœur pour le territoire. Aujourd’hui, je vis au sud de la Loire, et je m’y sens bien. C’est ici que je veux faire grandir mes projets.

Lancer mon activité, accompagné par le territoire

En 2022, quand Nantes Montgolfière a cessé son activité, c’était inconcevable pour moi qu’un si beau territoire ne soit plus desservi par les montgolfières. J’ai donc décidé de créer ma propre entreprise, de construire mon projet. Mais les défis étaient nombreux. C’est à ce moment-là que j’ai été accompagné à l’Espace Entreprendre du Pays d’Ancenis, où j’ai retrouvé Julie, une connaissance, qui m’a aidé à structurer mon projet. J’ai aussi bénéficié du soutien du Réseau Initiative Ancenis et de la Chambre des Métiers. Christian, mon parrain chez IPA, a été d’une immense aide, sans lui, je n’en serais pas là aujourd’hui. Et puis j’ai réussi à convaincre mes partenaires financiers. Tout s’est enclenché à partir de là. La COMPA a souhaité promouvoir le Pays d’Ancenis jusque dans les airs ! Mon ballon portera les couleurs du Pays d'Ancenis pendant les balades. Grâce à ce réseau local, j’ai pu concrétiser mon rêve : proposer des vols en montgolfière au départ du Pays d’Ancenis, dès mai 2024 avec Passion & Vent.

Un vol adapté aux envies

Je ne prends jamais plus de dix passagers. Je tiens à ce que chaque vol reste un moment intime, humain. Avant le décollage, on échange quelques mots, on apprend à se connaître. Et à l’atterrissage, souvent, on forme déjà un petit groupe. Je montre la tour d’Oudon, les Folies Siffait, le domaine des Lys, la Loire… mais parfois, on ne dit rien. Le silence suffit. Chacun vit le vol à sa façon, au rythme du vent. Mon but, c’est que chacun trouve sa propre magie dans le vol, émerveillé par le calme de la nature.

Un ciel unique à survoler, mon addition heureuse

Ce que j’aime ici, c’est que rien ne se répète. Un matin, je vole dans la brume ; le soir, j’assiste à un coucher de soleil sur l’Atlantique. Ce qui est beau c’est qu’on ne fait jamais le même vol deux fois. On vole au gré du vent : on est littéralement des passagers du vent. On choisit le site de décollage, mais ensuite, c’est la nature qui décide. La nature se réveille le matin, je vois la nature qui change jour après jour, les plantations poussent, les préparations des champs, les feuilles sur les arbres changent de couleur, les ombres sont différentes, les bruits aussi.

Ici, en Pays d’Ancenis, je trouve l’accueil très convivial. C’est drôle par exemple pendant les vols du soir, quand le soleil est encore présent, il est fréquent que les habitants soient sur leur terrasse et qu’ils nous interpellent pendant leur apéro. J’aime aussi partager ma passion en consacrant du temps pour former de futurs pilotes. C’est ce partage que j’apprécie ici.

Un beau témoignage qui montre comment une passion sincère pour la nature et l’humain, alliée à une volonté d’entreprendre autrement, peut donner naissance à un projet à la fois audacieux, poétique et profondément enraciné dans son territoire. Merci à Zahi pour ce partage inspirant, les pieds sur terre et la tête dans les airs.